Accueillir une tiny house dans son jardin
La tiny house ou la yourte ce n'est pas seulement un phénomène de mode. C'est une philosophie qui pousse ses adeptes à profiter de la vie plutôt que consacrer leur temps et leur argent dans des biens matériels. Une démarche qui prône l'ouverture et qui s'avère être aussi profitable à ceux qui les accueillent sur leur terrain qu'à ceux qui s'y installent.
Tout d'abord, c'est quoi une tiny house ?
Ce terme anglais signifie littéralement "très petite maison". Ces habitations sont construites en bois, ne dépassent pas les 20m2 de surface au sol, et concentrent en un petit espace toutes les pièces à vivre allant de la salle de bains à la cuisine, du salon aux chambres à coucher généralement situées en mezzanine. Posée sur remorque, la tiny house est une maison sur roulettes qui, selon ses équipements, peut être partiellement ou totalement autonome.
Pourquoi choisir de vivre dans une minuscule maison ?
Question d'économie me direz-vous, sachant que le prix d'achat d'une tiny house est nettement moins élevé que celui d'une maison, voire très abordable lorsque l'on choisit l'autoconstruction comme l'a fait Mathilde qui n'a pas eu peur de retrousser ses manches. Pour cette jeune femme de vingt-six ans, animatrice d'atelier d'art, l'idée d'une mini-habitation s'est imposée comme une évidence. "Je me suis beaucoup interrogée sur notre rapport à la consommation. Notre besoin compulsif d'accumuler des objets qui finalement ne nous rendent pas plus heureux. Vivre dans une petite maison c'est aller vers l'essentiel. C'est le plaisir de posséder deux ou trois beaux objets auxquels l'on tient en se débarrassant du superflu".
"C'est aussi rediriger nos objectifs, expliquent Anaïs et Matthieu, respectivement infirmière et masseur à domicile, qui vivent l'aventure depuis plus d'un an dans le jardin de Jeanine à Toulouse. En consommant moins, en investissant moins pour avoir un toit au-dessus de notre tête, l'argent économisé est injecté ailleurs, notamment dans les loisirs et la culture. Grâce à ce mode de vie, nous nous sommes offert un voyage au Viêt Nam l'an dernier, et ce printemps, direction l'île de Samoa ! Croyez-moi, nous n'aurions jamais pu nous le permettre auparavant ".
Quel est l'intérêt d'accueillir une tiny house dans mon jardin ?
Pour Jeanine, cette ancienne architecte de 68 ans, qui vit seule dans sa jolie maison aux tuiles roses, savoir Anaïs et Matthieu installés à quelques mètres de chez elle la rassure. "Ils sont d'abord venus jardiner dans mon potager. Avec le temps, un climat de confiance s'est instauré, et lorsqu'ils m'ont parlé de leur projet de tiny house, j'ai tout de suite été enthousiaste. Je sais que je peux compter sur eux. Et puis, à quoi ça sert d'avoir un grand terrain quand on est seule à en profiter ?".
Dans le Morbihan, les propriétaires qui ont accueilli Clothilde ont été motivés par une tout autre raison. Harcelés par des promoteurs qui lorgnaient leur grand terrain constructible attenant à leur maison, ils ont décidé de ne plus le laisser inoccupé et d'y installer une habitation mobile, histoire de vivre en bonne compagnie et surtout d'avoir la paix.
Aider au potager, entretenir le jardin, rendre quelques services ou rompre la solitude, les avantages de choisir ses voisins sont multiple. La tiny house c'est un état esprit. C'est laissé le luxe, les apparences, le confort derrière soi pour privilégier un mode de vie plus sain où les relations humaines occupent naturellement une place de choix.
Légalement ça se passe comment ?
La loi ne s'est pas encore adaptée à ce mouvement qui prend de l'ampleur, mais des collectifs se forment et agissent pour obtenir un cadre législatif propre. La surface au sol d'une tiny house ne dépassant pas 20 m2, elle n'a pas besoin de permis de construire et n'est pas soumise aux impôts locaux. La première chose à faire si vous souhaitez accueillir une tiny house dans votre jardin est de vous informer auprès de votre mairie. Ce sont eux qui vont vous orienter et vous aider à monter un dossier. Après avoir construit sa mini-maison et trouvé un terrain non loin de Vannes, la ville où elle travaille, Clothilde finalise les démarches administratives : "D'abord, j'ai été agréablement surprise de l'accueil positif qu'a reçu mon projet en mairie. Aujourd'hui, la loi est floue concernant les tiny houses, mais tout le monde se plie en quatre pour que j'obtienne mon autorisation. Aux dernières nouvelles, la tiny house peut-être considérée comme une annexe si elle est raccordée à l'eau et à l'électricité, ce qui signifie qu'il faudra établir un bail avec le propriétaire pour officialiser la chose".
En attendant que la loi évolue, la mairie du lieu d'installation demeure le seul interlocuteur capable de vous proposer une solution adaptée. Dans tous les cas, un contrat clair et détaillé liant les deux partis est incontournable.
Et pour ce qui est des contraintes matérielles ?
Lorsque l'on choisit de vivre dans un mini habitacle au beau milieu de la nature, il va sans dire que les notions d'écologie et de respect de l'environnement vont de soi. Utiliser des produits ménagers totalement naturels, économiser l'eau, installer des capteurs photovoltaïques ou un chauffe-eau solaire sont des alternatives de choix.
Maintenant, rien n'empêche au propriétaire du terrain de fournir l'eau et l'électricité à leurs hôtes à condition que chacun paie ce qu'il consomme. "Il existe des compteurs individuels faciles à installer qui permettent de chiffrer très exactement la consommation d'eau et d'électricité de la tiny house", explique Mathilde qui, décidément, a pensé à tout.
Concernant ce qu'on appelle les eaux grises, c'est-à-dire les eaux d'évacuation de la cuisine et de la salle de bains, si aucun produit chimique n'est utilisé, les eaux peuvent se déverser dans la nature sans aucun problème, la terre servant de filtre naturel avant que l'eau n'atteigne les nappes phréatiques. Dans le doute, il existe également des filtres à eaux grises qui recueillent les eaux usées ménagères et les filtrent avant de les évacuer. Pour ce qui est des wc, les toilettes sèches sont à privilégier. Elles ne nécessitent pas d’eau, ne dégagent pas d'odeur et après compostage, s'avèrent être un excellent engrais pour le jardin.
© pretersonjardin
Sites : https://tinyhousefrance.org/
https://www.collectif-tinyhouse.fr